Make singles great again! (Article d'opinion de Carla Dejonghe)

Make singles great again! (Article d'opinion de Carla Dejonghe)


Oublions la norme pour une fois. Bouleversons le monde pendant une journée et prenons le célibataire – et non le couple – comme point de départ.


Cela signifierait que les gens ne seraient pas « mariés », mais simplement « pas célibataires ». Cela signifierait également que lorsqu'ils voyagent, ils devraient payer un supplément parce qu'ils souhaitent réserver une chambre double. Qu'ils feraient des heures supplémentaires au boulot parce que, n'étant pas célibataires, ils doivent laisser à leurs collègues célibataires le temps de rendre visite à leurs amis. Qu’acheter en grande quantité serait plus cher. Que les droits de succession seraient plus élevés car ils ne sont pas célibataires. Qu'ils auraient plus de mal à louer un appartement, étant un ménage à double revenu. Qu'ils seraient stigmatisés et que les bibliothèques seraient remplies de livres tels que « Il vient de Mars, je suis de Vénus. Pourquoi diable sommes-nous encore mariés ? » ou que les chaînes de télévision feraient de la publicité pour les agences de divorce, afin de pousser les gens vers le statut de célibataire. Que les célibataires détermineraient les rendez-vous ou les dîners en fonction de leur agenda et que, lors des fêtes de famille, les non-célibataires devraient s'asseoir à la table des enfants et s'occuper d’eux.

 

Ces exemples n’ont aucun sens, si ce n'est que les célibataires en font malheureusement souvent l'expérience. Ils sont stéréotypés. Professeur Bella DePaulo, une psychologue ayant écrit de nombreux ouvrages sur les célibataires, a inventé un terme pour désigner la stigmatisation des célibataires, qu'ils soient célibataires endurcis, divorcés ou veufs. Elle appelle cela le « singlisme ». Cela se manifeste souvent par de petits gestes quotidiens : fixer des rendez-vous (c’est le couple qui choisit la date), choisir le menu d'un restaurant (c’est le couple qui passe la commande), offrir une tournée par couple (le célibataire est le dindon de la farce), etc. Il s'agit d'une discrimination beaucoup plus invisible, car il n’y a pas de restaurants « réservés aux personnes mariées » ou « réservés aux couples ». Même dans les clubs échangistes, il est possible d’entrer en tant que célibataire. J Dans la politique et les religions, on ressent également la différence. Les lois sont encore trop souvent basées sur la vision classique de l’homme et de la femme en tant que couple.

Cependant, être célibataire est courageux. Cela offre moins de sécurité, votre vie n'est pas tracée, vous devez vous débrouiller tout seul et faire vos propres choix.

 

Pourquoi tous les films romantiques se terminent-ils par un mariage ? Juste avant le mot             « Fin », les protagonistes se tombent invariablement dans les bras. En tant que célibataire, vous ratez  le « plus beau jour de votre vie ». Et pourquoi toutes les femmes célibataires (plus âgées) sont-elles des « crazy cat ladies », c’est-à-dire des « folles aux chats » ? Mon entourage parvient toujours à m'expliquer ce qui « cloche » chez moi, car tout le monde a bien sa petite idée à ce sujet. J’aurais peur de l'engagement... et c’est encore la chose la moins grave que j’aie pu entendre.

 

On peut aussi voir les choses autrement. Pensons par exemple à « O Solitude », l’éloge du compositeur anglais Henry Purcell, évoquant l'individu indépendant qui jouit de la liberté de gérer son propre agenda. Let’s make singles great again!